Mon blog fût nominé au Mali Média Awards par la fondation Tuwindi
- La Fondation Tuwindi est une organisation de droit Malien non partisan à but non lucratif. Leur objectif est d’utiliser les technologies de l’Information et de la communication pour soutenir le développement social et économique. Tuwindi intervient dans le secteur de la gouvernance, de la citoyenneté, des droits humains et de la démocratie. Leur approche consiste à consolider la démocratie et le développement social et économique en fédérant les actions du gouvernement, des organisations de la société civile, les médias et les partis politiques.
Depuis deux ans, la Fondation Tuwindi organise les éditions des Mali Média Awards (MAMA).
Les Mali Medias Awards est une initiative de la Fondation Tuwindi qui a pour objectif de promouvoir le professionnalisme et l’excellence dans le domaine des médias au Mali. Il récompense les professionnels et organes de médias qui se distinguent par leurs engagements et la qualité de leurs travaux ainsi que le respect de la déontologie de leur métier. Sa première édition qui s’est déroulée en mai 2017 dernier a eu un succès fou;
Comme la dernière édition, les MAMA récompensent cette année les meilleures productions portant sur des sujets d’intérêt public dans les catégories suivantes;
- -Reportage
- -Analyse Journalistique
- -Portrait
- -Magazine enquête/ investigation
- -Prix spécial genre
- -Prix spécial journalisme citoyen (blog)
À travers mon activiste, mon amour inconditionnel pour l’écriture et surtout par mon article
j’ai été nominée cette année dans la catégorie Prix spécial journalisme citoyen (blog). Lorsque la fondation Tuwindi m’a appelé pour me faire part de ma nomination et surtout de mon invitation à la soirée Gala de remise des prix, une immense joie et d’excitation ont envahi ma personne. J’étais émue, honorée et tellement touchée. Mais le temps d’une seconde, je suis très vite redescendu de mon petit nuage, la réalité m’a très vite rattrapé. La soirée du gala organisé par Tuwindi, se tient comme à l’accoutumer à Bamako, et moi je suis de service à Tombouctou, l’une des villes les plus éloignées et difficilement accessibles du Mali.
Comment allais-je m’y rendre? Telle était la fameuse question qui bourdonnait dans ma tête. Environ 1000 km sépare Bamako de Tombouctou, la route est impraticable, et on n’est jamais à l’abri d’une attaque criminelle ou terroriste puisque nos forces de l’ordre et de l’insécurité ne sont quasiment pas déployées sur la plupart des zones, les terroristes qui monopolisaient la majorité du tronçon décourageait tout envie de se déplacer par voie terrestre. Comment voyager dans ces conditions? Tout était là pour me décourager. Toutes mes possibilités étaient bloquées:
- L’avion des Nations unies a fait des restrictions suite à l’attaque du camp de la Minusma (Mission multidimensionnelle Intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali) revendiqué par les terroristes, le peu de temps qui me restait ne me permettait pas d’enclencher les processus administratifs pour un vol, de toutes les façons je doutais fort de l’avoir.
- L’avion militaire des forces Armées Maliennes, FAMA, était en standby pour cause de révision technique.
Le vol commercial à changer ses restrictions car ne prenant plus directement une personne physique, eux ne traitent désormais qu’avec les personnes morales. - L’avion privé de l’entreprise où je travaille n’est plus sur le territoire malien, en déplacement au Burkina Faso depuis quelques semaines.
- Le bateau n’est plus de campagne à cause de la période non propice, pas d’eau sur les berges… Finalement
Je n’avais qu’une seule et dernière alternative: voyager par voie terrestre!
Devais-je accepter d’entamer ce voyage à travers des zones où l’insécurité, le banditisme et le terrorisme font la loi? Suis-je consciente de tous les dangers que je cours en prenant le risque de m’embarquer dans cette aventure? Il faut noter que sur cette route de nombreuses femmes ont été violées, des honnêtes citoyens se sont fait agresser, dépossédés de leurs biens et des fonctionnaires de l’État maliens enlevés.
Après mille détours, doutes et suspicions avec mon alter ego, j’ai fini par faire le choix du courage. Être une blogueuse ne devrait pas se limiter à écrire des textes derrière son ordinateur, mais aussi à assumer les sacrifices que nécessite son engagement.
Au petit matin de la date du 4 juillet me voilà dans un véhicule de transport public peu confortable et très bruyant. Au nombre de 14 passagers assis dans une minuscule 4×4, nous étions entassés comme des sardines dans une boîte de conserve. Nous voyagerons en convois avec 3 autres véhicules pour plus de sécurité. Cependant un petit détail attira mon attention, il se murmurait dans le groupe des passagers que deux hommes étaient probablement des terroristes qui voyageaient avec nous.
Je voyais la panique et la frayeur se dessiner sur le visage de quelques-uns de mes compagnons de route. Dans ma tête, tout cela ne me disait rien de bon, on n’avait pas encore pris la route, ne serait-il pas mieux de rebrousser chemin? Il était encore temps de ne pas exposer ma vie à des dangers imminents pour une nomination à un prix.
Une fois de plus mon courage et ma détermination eurent raison de mes appréhensions, mais surtout je dois avouer qu’avoir à mes côtés un confrère blogueur du nom Ag Ibrahim me donnait un peu de courage, au moins je me dis que s’il y a incident il sera là pour me protéger, ou peut-être non, dans ces genres de situations, tout le monde cherche à sauver sa peau… rire… mais non je suis sûr que mon confrère blogueur veillerait sur moi… bref j’ai accepté de continuer cette aventure et nous avons finalement entamé le voyage…
Après des dizaines d’arrêts pour panne mécanique dans le désert, nous voilà le lendemain à 4h du matin à Bamako. Je crois que tout Malien et malienne devraient faire le voyage Bamako–Tombouctou où vice-versa pour se rendre compte de certaines réalités géo sociales et sécuritaires de notre pays. Quant à moi, Je ne sentais plus mes pieds, et j’étais si épuisé que tout mon corps était douloureux. Tout ce que je voulais c’était de rentrer chez mon père, prendre une bonne douche et dormir le plus longtemps possible.
Deux jours plus tard, Nous sommes dans la nuit du samedi 07 juin, aux prestigieux hôtels Azalai Laico où se tiendra la soirée de remise de prix. Un accueil digne de ce nom nous a été réservé. La fondation Tuwindi a mis les petits plats dans les grands. Tidiane Togola, le directeur exécutif de la fondation Tuwindi et toute son équipe ont fait un boulot remarquable, tout était là pour nous faire passer une agréable soirée: des artistes de renom, des danseurs chorégraphes, l’un des meilleurs slameurs du Mali, des grandes personnalités de la jet-set malienne et du média et tout cela avec l’animation de la sulfureuse Countel Amadou.
Mais ce beau décor ne m’empêchait pas d’être encore plus stressée, surtout que je venais de découvrir l’identité des autres nominées, les meilleurs blogueurs du Mali. Je me suis rendu compte que je ne ferais vraiment pas le poids face à ces blogueurs de renommés tout aussi expérimentés et meilleurs dans leur domaine mais surtout qui jouissent d’une visibilité certaine dans le monde du blogging au Mali.
L’évidence m’a frappée, la réalité m’a rattrapée: j’aurais dû savoir que c’était trop beau pour être vrai, mais non je me suis entêté à prendre tous ces risques pour venir m’humilier. Cette situation m’inspire une si triste évidence : J’aurais dû rester tranquillement chez moi ainsi je ne me serais pas mise dans une situation aussi embarrassante. Mais l’heure n’était plus au regret, je ferais mieux de profiter de la soirée d’autant plus que je suis déjà là et surtout en très bonne compagnie de ce beau monde de journalistes, animateurs TV et radio et blogueurs.
Quelques instants plus tard c’est l’heure de l’annonce des résultats, mon cœur se serre, je suis stressée, moi qui déteste les suspenses, c’est comme si on était en train de me menacer avec une arme à feu, prête à faire feu sur ma tempe, des sueurs froides emportaient mon maquillage facial.
Les annonces ont été faites par catégorie, vient le tour de ma catégorie: le prix citoyen journalisme blog!
Finalement, je suis passée du stress à la résignation: il ne faut pas être mauvaise joueuse. De toutes les façons si ça ne marche pas cette fois, ça marcherait une autrefois, ma vie ne s’arrêtera pas à ce prix, d’autres opportunités seront là et je pourrais les saisir, n’est-ce pas ?
Avant que je ne finisse cette discussion avec mon alter ego, je remarque toute l’attention de la salle sur moi. J’ai manqué un épisode? En réalité, quelque chose semblait m’avoir échappé. Apparemment, Fatimata Toure venait de remporter le prestigieux prix des Mali média Awards dans la catégorie Prix citoyen journalisme blog!
Je suis sous le choc, je n’arrive pas à le croire jusqu’à ce que des gens se lèvent pour me prendre dans leurs bras et me féliciter. Alors c’est donc vrai que c’est moi qui ai été choisi? Je commence alors à prendre la mesure de ce qui allait désormais être l’un des plus beaux moments de ma vie. Mon Dieu je suis sans mots, la suite était comme un film où je me voyais plus spectatrice comme actrice, on m’aide à monter sur l’estrade, je n’avais pas fait de discours, en fait je ne m’y attendais vraiment pas, à aucun moment je n’avais la prétention d’anticiper cet instant magique. Mais bon j’improvise, Je fais un speech rapide et les gens applaudissent. Après avoir reçu mon prix, je suis submergée par tant d’émotion que je me perds, des félicitations aux accolades en passant par des séances d’interview je passe l’une des meilleures soirées de ma vie.
De retour chez moi, bien au chaud dans mon lit, je ressasse cette belle expérience inoubliable dans ma tête, ce voyage terrestre symbolise le voyage intellectuel que j’effectue dans le monde du blogging depuis le jour où j’ai compris que savoir lire me permettaient de savoir écrire et partager mes pensées, mes expériences, mes émotions au profit de combats qui nous font avancer vers de meilleures compréhensions des défis, et des combats que nous devons relever en tant que citoyens de ce pays et du monde…
Cette reconnaissance est la preuve qu’on ne devrait jamais abandonner malgré les obstacles et les preuves têtues de notre défaite. Une nouvelle ère s’est ouverte pour moi, l’ère du renouveau, car consciente à présent que ma plume peut toucher plus d’un, je m’oblige à satisfaire désormais mes lecteurs et lectrices.
Pour en arriver là, il m’a fallu parcourir des contrées du Nord du Mali où l’insécurité, la pauvreté, l’analphabétisme, la malnutrition, le terrorisme et le manque d’eau forment un cocktail ni détonant ni explosif mais amer, un cocktail amer à boire pour toute Malienne, tout Malien et pour tout partenaire de notre pays. Dans la réalité de la vie dans mon environnement, la situation précaire ne favorise pas l’autonomisation de la femme, s’y affirmer et se faire valoir est un processus des plus difficiles. Et cette reconnaissance de mon apport intellectuel à travers le blogging m’encourage à m’investir davantage dans ce que je sais faire de mieux: lire et écrire pour réformer les mentalités et les comportements.
Mon combat pour la reconnaissance des réalités du nord Mali n’est pas vain, mon combat pour la promotion de la femme n’est plus inutile. Mon plus grand combat que symbolise le développement personnel, par l’acceptation de soi et la valorisation de sa propre personne, vient de connaitre un nouveau tournant. Je suis profondément touchée, honorée et tellement reconnaissante.
Du fond du cœur je remercie toutes celles et tous ceux qui m’ont soutenu:
- -À ma famille qui m’a toujours témoigné un soutien indéfectible sans vraiment comprendre la blogeuse que je suis, et qui la plupart du temps ne comprenne absolument rien de mes activités mais continue de me soutenir aveuglément.
- -À Sankorelabs qui a cultivé l’amour du blogging dans mon cœur.
- -ÀMondoblog, qui continue à me former et de me guider dans ma passion.
- -À la communauté des blogueurs du Mali, plus qu’une communauté en fait, une famille.
- -À mes ami(e)s pour leur soutien indéfectible, leurs petits mots d’encouragement par des messages et des appels.
- -À mes valeureux abonnés qui lisent, commentent et critiquent avec intelligence et sympathie.
- -À la fondation Tuwindi pour la confiance et la reconnaissance.
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